DOMINIQUE BLAIS

ARTIST

Represented by
Xippas Galleries
108, rue Vieille du Temple
75003 PARIS
FRANCE

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Copyright 2007-2012
Built with Indexhibit

POLARITÉS
Dominique Blais / Claire Trotignon

Sept 18 - Nov 27, 2016
Le SHED, centre d’art contemporain de Normandie
12 rue de l’Abbaye – 76 960 Notre-Dame de Bondeville
www.le-shed.com



A l’occasion de son premier anniversaire, le SHED invite Dominique Blais (né en 1974) et Claire Trotignon (née en 1984), pour une double exposition. Jeunes artistes français, ils proposent deux installations in situ, réalisées au SHED dans le cadre d’une résidence estivale. Ils ont choisi d’intervenir ensemble : leurs propositions respectives se déploient ainsi en se croisant, s’imbriquant, s’enchâssant, se répondant, mettant en dialogue leurs préoccupations, leur vocabulaire et leurs matériaux propres.

Déplaçant, à cette occasion, sa pratique, Claire Trotignon réalise une installation dans l’espace (The Adjustable Ruins and the Nappers – Gresland Polarities, 2016). Partant d’empreintes de manques dans les murs et les façades (briques cassées, cornières ébréchées, trous, ...), elle produit un ensemble d’éléments en plâtre, retravaillés comme de micro-paysages ou reliefs montagneux. Posés au sol, suspendus comme en attente d’installation ou enfilés sur des tiges métalliques comme des boules sur un boulier, ces éléments s’insèrent dans différentes structures modulaires, dessinant un ensemble architectural classique. L’installation évoque les reconstitutions de sites archéologiques, où d’authentiques vestiges sont intégrés dans le dessin d’une construction supposée, se substituant au bâti disparu. De larges pans « vert Caraïbes » (sic) sont drapés sur les modules, évoquant du mobilier ou les processus de fabrication en chaîne, s’étant tenus un jour dans le lieu. L’installation se déploie au sol, avec une série de piquets plantés régulièrement, à l’emplacement des machines de la filature aujourd’hui disparues. Elle quadrille ainsi la surface du centre d’art, comme l’aurait fait une équipe d’archéologues sur un site en chantier. Cette notion de mesure est d’ailleurs centrale pour l’artiste : une mesure ajustable, n’ayant toutefois de valeur que contextuelle – établie dans et pour le site où elle se tient.

Dominique Blais s’appuie, quant à lui, sur un fait, qui bien qu’immatériel n’en a pas moins des effets manifestes : la mise à la terre du système électrique du SHED étant parfois défectueuse, la structure métallique du bâtiment sert alors de décharge pour le surplus électrique. Partant de ce défaut, invisible aux visiteurs mais prégnant lors des montages d’exposition, Dominique imagine une installation aérienne (À la terre, 2016) dont la fonction serait de compenser cette anomalie et, du même coup, figurer – physiquement, visuellement et symboliquement – l’électricité résiduelle baladeuse. Il crée un circuit de câbles de cuivre reliant l’éclairage de l’espace d’exposition (les néons) à la terre, en dégageant les couches superficielles du sol bâti, pour retrouver – la terre. Mis à nu, quatre des huit piliers en fonte du centre d’art servent de relais au réseau de câbles.

La pièce de Dominique Blais revêt une matérialité circonstancielle : jouant avec la lumière, l’artiste utilise des éléments métalliques dont les reflets presque « liquides », sur les piliers du lieu, ou fugaces, sur les câbles de cuivre, tendent à se dérober au regard ; intervention spécifique, elle disparaîtra après l’exposition, le câble rembobiné en pelotes constituant une édition. « Dessiné dans l’espace à travers l’ajout de ces câbles et d’un piquet de terre, l’installation exploite le vide du vaste volume. Ce sera la seule intervention consistant à rapporter des éléments extérieurs au bâtiment, les autres reposant sur l’action d’enlever et de soustraire certains matériaux. Malgré un processus de création conceptuel combiné à une intervention ténue, la dimension sculpturale du dispositif tient à l’annexion des piliers mais également celle du sol, vaste surface menant à l’excavation. »

A deux, donc, Dominique Blais et Claire Trotignon proposent une double installation dont le point de départ est l’architecture du lieu et ce qui y fait défaut. Evidées, les formes qu’ils proposent se trouvent néanmoins chargées de courants imperceptibles, de flux et de temps suspendus. Ajustables ou éphémères, ils nous plongent dans un immédiat à contempler, dans un temps qui n’existe pas ou du moins qui n’existe que là, le temps de l’exposition. Comme une invitation à s’arrêter et saisir l’invisible du lieu et ses fantômes.

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