ARTIST
Represented by
Xippas Galleries
108, rue Vieille du Temple
75003 PARIS
FRANCE
-
Copyright 2007-2012
Built with Indexhibit
LE TEMPS MATERIEL
du 08/10/2016 au 30/12/2016
Frac Franche-Comté Cité des arts
2 passage des arts - 25000 Besançon
www.frac-franche-comte.fr
ENGLISH BELOW
L’œuvre de Dominique Blais se concentre sur la matérialisation de l’immatériel (temps et sons), des énergies, des flux,… dans un mouvement qui vise à leur donner une beauté formelle qui dénote parfois avec l’âpreté des domaines explorés.
L’exposition consacrée par le Frac Franche-comté à Dominique Blais s’articule autour de l’oeuvre intitulée Finale (Les Adieux), produite pour l’occasion et qui intégrera ensuite la collection du Frac.
Il s’agit d’une transposition du dernier mouvement de la Symphonie n°45, écrite en 1772 par Joseph Haydn en guise de revendication afin de signifier au commanditaire (le prince Nicolas Esterházy) que les musiciens désiraient mettre un terme à leur séjour prolongé au palais Esterházy en Hongrie et rejoindre au plus tôt leur domicile et leur famille à Eisenstadt (Autriche). Ainsi le compositeur avait décidé que ses musiciens quitteraient la scène un à un, après avoir soufflé la bougie qui éclairait leur partition, plongeant progressivement la scène dans le noir complet jusqu’à la dernière note.
Dans un espace-temps différent, Dominique Blais a donc choisi de « rejouer » la disparition progressive de l’orchestre mais surtout de matérialiser le processus de cette disparition même par la compilation ou stratification des instants qui en composent la durée, autrement dit la superposition sur un même plan de l’ensemble des mouvements successifs des exécutants dont le sténopé nous livre l’image fantomatique tandis que rien ne demeure de la dimension sonore de leur prestation.
En traduisant visuellement le temps de l’interprétation musicale, en donnant à voir ce qui est de l’ordre de l’invisible, en l’occurrence ici la simultanéité des gestes produisant les notes qui composent une symphonie, Dominique Blais poursuit une oeuvre qui depuis ses débuts se concentre sur la matérialisation de l’immatériel (temps et sons), des énergies, des flux – qu’il s’agisse par exemple des propriétés électriques du verre (Entropê, 2014-2015) ou de fréquences radio naturelles (Spherics, 2009 ; L’Ellipse, 2010*),… – dans un mouvement qui vise à leur donner une beauté formelle qui dénote parfois avec l’âpreté des domaines explorés.
Si l’on ne peut douter des connaissances de l’artiste s’agissant du pendule de Foucault, des fréquences sonores et des ondes lumineuses, des avancées technologiques en matière de photographie ou, dans un autre registre, des mouvements qui régissent les astres, il n’en reste pas moins que nous sommes surpris de l’usage qu’il fait de ces savoirs et techniques dès lors qu’il entreprend de les revisiter.
Nombre de ses oeuvres font appel en effet à des pratiques tombées en désuétude t telles le sténopé ou la photographie argentique (Ring, 2012* ; Finale (Les Adieux), 2016 ; Correspondances Lumineuses, 2016, avec É. Lamouroux et B. Casas Brullet) ou à d’autres ancestrales, tel le soufflage du verre (Sans titre (Les colonnes d’air), 2013). D’autres (Mécanique du temps présent, 2010 ; Apparatus (Rotatio), 2015, mais aussi Pendulum Reflection, 2016 produite pour cette exposition) évoquent formellement des objets et machineries archaïques ou insolites, dont le fonctionnement est souvent virtuel ou qui n’ont d’autre finalité que leur propre fonctionnement, telles des machines célibataires. Au sein de cet ensemble qui évoque par ailleurs la transmutation, le feu, la lumière, l’énergie, le cosmos ou les points cardinaux, ces pièces – pour beaucoup dotées de titres anachroniques (empruntés avec humour au latin ou au grec) – suggèrent immanquablement un univers ésotérique d’un autre temps.
« Le temps matériel » (titre de l’exposition choisi par Dominique Blais), c’est le temps concret, un temps mesuré sans aucune subjectivité. Pourtant au coeur de l’exposition plus que l’indéniable qualité musicale de la symphonie de Haydn, c’est sa dimension humaine qui retient Dominique Blais. Non pas pour son caractère revendicatif ou pré-syndicaliste mais d’abord pour l’auto-effacement volontaire auquel se livrent les musiciens, leur façon de s’abstraire, de quitter symboliquement et physiquement la scène comme on le fait de la vie. Et à proximité de Finale (les Adieux), un pendule oscille. Il n’est pas doté de la technologie propre à celui de Foucault. Il n’a pas vocation ici à démontrer la rotation de la terre. Il rythme simplement le temps de l’exposition de son oscillation incessante et hypnotisante. Il arrête le visiteur dans son parcours et l’invite à réfléchir à l’hypothèse d’une autre destinée pour les sciences et techniques, telle celle inventée par l’artiste qui insuffle à ses simulacres intemporels une dimension magique.
De la mécanique saisie par la poétique.
Commissariat : Sylvie Zavatta, directrice du Frac
LE TEMPS MATERIEL
October 9 – December 30, 2016
Opening: Saturday October 8 at 6pm
Curator: Sylvie Zavatta, director of the Frac Regional Fund for Contemporary Art
In partnership with the Musée du Temps (Museum of Time) in Besançon and the Conservatoire à Rayonnement Régional Music Academy
With the support of 2 Scènes
Dominique Blais’s exhibition Le Temps matériel is organized around the work entitled Finale (Les Adieux), created for the occasion. It is a transposition of the last movement of the Symphony No. 45 (known as the Farewell Symphony) composed in 1772 by Joseph Haydn who had decided that his musicians should leave the stage one by one, after snuffing out the candle that lit their music stands, gradually plunging the stage into complete darkness up until the last note. Dominique Blais’s project is to have the piece “replayed” by the students orchestra from the Conservatoire de Besançon (CRR) music academy, and to capture the scene using a pinhole camera.
By giving visual expression to the time of the musical performance, enabling us to see what is intrinsically invisible, Dominique Blais is pursuing an artistic line that, since his debut, has focussed on materializing the immaterial (time and sound), energy, flux… whether pertaining, for instance, to the electrical properties of glass or to natural radio frequencies.
Many of his works draw on now-obsolete practices such as the pinhole camera or silver photography, or at times on ancestral methods such as glassblowing. Others are reminiscent of archaic or quirky objects and machinery, often virtual in operation. Within this ensemble that is also evocative of transmutation, fire, light, energy, the cosmos or the cardinal points, the works – many of which bear anachronistic titles, humorous borrowings from Latin or Greek – invariably suggest an esoteric universe from another time or, at least, a potential poetic twist on science and mechanics.
The work Mécanique du temps présent, at the Musée du Temps (Museum of Time) in Besançon, stands in echo.